LE SOLEIL DES MINEURS - ELISE FISCHER.
Le Soleil des mineurs d'Elise Fischer
Je dois rattraper le temps perdu, maman. Je dois savoir qui je suis, dirait Françoise Dolto. Tu sais, je deviens très calée sur la mine, grand-père me raconte sa jeunesse dans les étroites veines. Comment il fallait creuser. Forer dans la roche pour que le boutefeu introduise les explosifs, raccorde les détonateurs à la ligne de tir. La mise à feu demande une technique très précise, et le boutefeu, qui doit se cacher dans des niches pour se protéger en attendant l'explosion, n'est jamais sûr que tout se passera bien. Ensuite, grand-père m'a expliqué comment il fallait soutenir la galerie.
- Etayer, corrige Blanche. Autrefois, cela se faisait avec du bois, qui était toujours descendu à la mine pendant les postes de nuit. Maintenant on utilise plus volontiers des cintres métalliques.
- Tu savais, toi, maman, qu'avant un éboulement le bois parlait ? Il prévient et craque progressivement, cercle d'ancienneté par cercle d'ancienneté - qu'on peut voir quand on examine un morceau de bois scié.
- Bien sûr, ce craquement progressif est propre au bois de sapin.
- Et tu ne m'as jamais rien dit ?
- L'occasion ne s'est pas présentée. Et puis, pour moi, ces sujets sont encore douloureux. Un jour, je pourrai t'en parler. Mais ne te prive pas de demander à ton grand-père, je crois que cela lui fait plaisir d'évoquer son travail.
- Mais à moi aussi ça fait plaisir de connaître ce métier. C'est génial. Quel courage il a eu ! Il a aussi été sauveteur.
- Beaucoup de mineurs le sont. C'est un métier qui comporte tellement de risques que la solidarité est nécessaire. C'est aussi un métier d'homme, un métier exercé en vase clos avec des rites, voire des secrets, auxquels les femmes n'ont pas accès. Mais cette vie leur est nécessaire pour supporter "l'enfer des entrailles de la terre".
- Grand-père dit cela.
- C'est lui qui me l'a appris.
Extrait du roman Le Soleil des mineurs d'Elise Fischer paru aux Presses de la Cité dans la collection Trésors de France. Cet extrait est tiré de notre excellent Almanach des Terres de France 2018.
Dans une mine qui vit ses dernières années, Blanche, jeune infirmière, va trouver aux côtés des gueules noires de Lorraine la paix et l’amour dont elle a été privée.
Un roman dédié à la dernière mine de charbon de Lorraine.
Pourtant, au fil des jours, par-dessus les chevalements de la mine qui vit ses dernières années, Blanche va cheminer aux côtés des gueules noires de Lorraine dont elle est le soleil. Trouvera-t-elle la paix du cœur et, qui sait, l’amour dont elle a été privée ?
en janvier 1985, Blanche, infirmière dans le service des grands brûlés d'un hôpital parisien, apprend que son père, ancien mineur lorrain, est mourant.
Quinze ans ont passé depuis que blanche a quitté la lorraine et le pays minier pour Paris. Quinze ans sans donner signe de vie. A l'hôpital où elle travaille, elle croise un jour sa mère, Renate, qui lui apprend que son père est mourant. Quand elle revoit enfin celui-ci, l'heure est aux confessions. Juif, il a fui l'Allemagne nazie. il lui raconte l'arrivée de ses parents allemands en lorraine et sa rencontre avec Renate, fille de réfugiés italiens, avant de lever le voile sur la blessure qui a poussé blanche à partir.
Lorsque survient la catastrophe du puits Simon, à Forbach, Blanche, bouleversée, met ses compétences professionnelles au service des mineurs. provisoirement, pense-t-elle alors, mais le destin lui réserve bien des surprises. Elise fischer décrit le combat d'une femme d'aujourd'hui, avec pour toile de fond l'histoire des mines de charbon en lorraine jusqu'à là fermeture du dernier puits de la houve, près de Creutzwald.