LES MARAIS SANGLANTS DE GUERANDE - JEAN-LUC BANNALEC.
Les Marais sanglants de Guérande de Jean-Luc Bannalec
Offrant un spectacle saisissant, l'étrange paysage alliait les quatre éléments fondateurs de l'alchimie du sel : la mer, le soleil, la terre et le vent. Ce coin situé sur une presqu'île formée par l'Atlantique tumultueux, entre la Loire et la Vilaine, avait autrefois été une baie. Au fil des siècles, il s'était transformé en lagune puis en estrans et enfin en terrains alluviaux, que la main habile de l'homme avait su mettre à profit. La fière petite cité de Guérande marquait le prolongement des marais salants vers le nord. Au sud, ceux-ci se perdaient dans le restant de lagune qui faisait face au ravissant port du Croisic. Depuis ce point, on pouvait admirer un spectacle impressionnant : celui de l'océan emplissant le lagon et s'engouffrant dans le fragile réseau des marais salants au rythme puissant des marées, tout particulièrement les jours de grande marée qui suivaient la pleine lune.
Le Pays blanc était parfaitement plat, dépourvu du moindre relief. Depuis plus de douze siècles, il se divisait en d'innombrables bassins rectangulaires de grande, de moyenne et de petite taille, agencés avec une précision mathématique au sein d'un grand réseau de terrains aux formes plus arbitraires et essentiellement composés de terre et d'eau. C'était un système extrêmement sophistiqué, comptant d'innombrables ramifications, canaux, réservoirs, bassins de chauffe ou d'évaporation. Les plus petits, les cristallisoirs, étaient ceux où se faisait la récolte.
Tout un système dédié à un objectif unique : guider le plus lentement possible l'eau de mer, récupérée grâce à des écluses, tout au long d'un parcours au cours duquel les effets conjugués du soleil et du vent l'amèneraient à une évaporation quasi totale, jusqu'à la formation des premiers cristaux. Le sel était l'essence pure de la mer, d'où le surnom qu'on avait coutume de lui donner : "le fils du soleil et du vent".
Extrait du roman Les Marais sanglants de Guérande de Jean-Luc Bannalec paru aux Presses de la Cité dans la collection Terres de France le 7 avril 2016 en librairie. Librairie Passerelles Vienne.
Extrait tiré de l'excellent Almanach des Terres de France 2017, cliquez ICI.
Jean-Luc Bannalec est le pseudonyme d'un auteur allemand qui a trouvé sa seconde patrie dans le Finistère sud, où il vit trois mois par an depuis plusieurs années. Il a publié aux Presses de la Cité Un été à Pont-Aven, Etrange printemps aux Glénan et son dernier roman L'Inconnu de Port Bélon - une enquête du commissaire Dupin.
En librairie depuis le 13 avril 2017, cliquez ICI.