PARIS.
PARIS
Photographs by Heiko Lanio
Text by Soraya Elyes Ferchichi
Monumentale et intime, Paris est un mythe autant qu'une ville. Elle fait partie de ces cités qui, comme Rome, Jérusalem ou New York, développent une identité singulière, véritablement distincte du pays qui les entoure. Il s'agit bien là d'un art de vivre, qui frappe tout d'abord le regard : Paris, ingénieuse, multiple, secrète et paradoxale met immédiatement en scène ceux qui la traversent, habitants pressés de la capitale ou promeneurs charmés. Ce sont parfois les mêmes, à d'autres moments du jour et de la nuit, car tout invite à y flâner.
"Il est des lieux stériles et des lieux bénis" me confiait l'écrivain Lawrence Durrell lorsqu'il évoquait Paris. "La ville recèle un climat tonifiant, vivifiant, magnétique. Et les gens guettent Paris pour cette raison, sans souvent être conscient que c'est cette énergie qu'ils recherchent. Nous étions toujours informés, nous nous sentions vraiment au centre des choses, même en ne faisant rien, en restant simplement à la terrasse des cafés".
Cette ville si vaste par son histoire et sa culture, depuis que la tribu gauloise des "Prisii" lui légua son nom, se traverse à pied en un peu plus de deux heures, du Nord au Sud ou d'Ouest en Est. Mais la plus belle avenue de Paris reste la Seine, que jalonnent trente-sept ponts. Car "Fille de la Seine et du Roi", c'est sur ses îlots, puis autour du grand fleuve si propice aux échanges et au commerce, que s'est développée la ville, jusqu'à choisir son orgueilleuse et légère devise "Fluctuat nec mergitur" : Il flotte sans être submergé.
Longeant ou rejoignant la Seine, les perspectives grandioses de la ville... Ainsi domine, du haut de la colline, le Palais de Chaillot qui embrasse les jets d'eau des jardins du Trocadéro jusqu'au Pont d'Iéna derrière lequel se dresse la Tour Eiffel dans son écrin verdoyant du Champs de Mars que bordent les invalides.
Mais l'on peut en quelques rues échapper à ce bel ordonnancement classique, pousser une porte cochère qui s'ouvrira sur un jardin sauvage, découvrir ensuite un petit bar à vins servant des fromages fermiers, franchir l'entrée d'un des cent cinquante musées parisiens, celle d'un carré d'antiquaires où l'on pourra choisir, comme dans l'une des enseignes de la haute couture parisienne, d'admirer tant de créativité ou de se ruiner pour elle.
"Ce n'est pas une ville, c'est un monde" s'émerveillait-on de Paris à l'époque de la Renaissance. C'est peut-être depuis une ville qui fait sans cesse renaître un monde.
Soraya Elyes Ferchichi.