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Binchy and her hobbies
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26 novembre 2009

Dans l'air du temps.

L'ART ET LA MODE

La mode s'installe plus que jamais dans les musées. Invitée simultanément au musée Galliera ('Sous l'Empire des crinolines') et aux Arts décoratifs ('Sonia Rykiel') jusqu'en avril 2009, c'est l'occasion de faire un tour d'horizon des rapports complexes entre les champs de l'art et de la mode.


"Si la mode contribue à fabriquer l'esprit d'une époque, l'art est peut-être, en revanche, ce qui le saisit le mieux." (1) Si la première regroupe aussi bien la haute couture que les arts décoratifs, dont les tendances oscillent entre imagination des créateurs et goût du consommateur, l'artiste, lui, se doit de poser un regard distancié sur son temps pour en extraire l'esprit. Au vu des nombreuses interactions entre les deux champs, les rôles ne sont manifestement pas si clairs. En tant qu'expression de l'esprit d'un temps, la haute couture possède une dimension patrimoniale importante qu'il faut conserver, aux côtés des arts décoratifs. Plusieurs musées leur sont dédiés, qui remplissent une mission de conservation et d'archivage. Naturellement, la question de la création contemporaine et les conditions de sa mise en valeur se posent, puisque ce sont là les rôles de ces institutions. C'est pourtant une création singulière, qui n'a pas besoin de soutien puisqu'elle est portée par l'industrie de la mode, qui ne répond pas aux critères esthétiques habituels, mais qui fait pourtant preuve d'une indéniable démarche artistique. Au fil du temps et des nouveaux enjeux incarnés par la mode, le propos des musées sur le sujet a changé. Cette relation ambiguë traduit bien les nombreuses interactions plus globales entre les champs de l'art et de la mode. Chacun cherche manifestement quelque chose chez l'autre, les rôles s'inversent et s'échangent, au point que l'on ne sait plus très bien qui fait quoi, qui tire profit de l'autre et pourquoi. A dimension créative égale, le rapport ne l'est pas forcément et l'art risque d'y perdre des plumes.


De l'artisanat d'art à l'éloge du couturier

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Le musée Galliera répond directement au premier enjeu d'une exposition de mode : la conservation d'un patrimoine particulièrement sensible à la lumière et supportant difficilement la représentation. Une manière de redonner vie à l'époque à travers ses habitudes vestimentaires, à l'exemple de l'exposition 'Sous l'empire des crinolines'. Un parcours d'exception qui montre à quel point ces robes incarnent l'amorce de ce qu'est notre société, lancée à grande vitesse sur les rails de l'innovation perpétuelle. Le vêtement devient un document d'archive sur une époque révolue mais sans cesse réutilisable à travers la haute couture d'aujourd'hui : entre autres exemples, Jean-Paul Gaultier et John Galliano revisitent cette année la crinoline. A l'image des avant-gardes artistiques, l'objet de ces manifestations est à peine accroché que déjà révolu, et pourtant influencera encore longtemps les générations futures.
On expose maintenant un style impliquant des valeurs, une esthétique et un art de vivre. Les petits pulls de Sonia Rykiel incarnent une libération de la féminité, tandis que les kilts de Jean-Paul Gaultier ouvrent l'ère de l'unisexe. Le musée des Arts décoratifs exalte cet aspect, célébrant le couturier bien plus que les vêtements. Ces hommages à la création contemporaine ne peuvent que s'attacher à une personnalité, dans la mesure où les tendances d'aujourd'hui se font et se défont à un rythme stupéfiant. Une carrière dans la haute couture traduit donc bien plus un esprit du temps que les vêtements créés. "La mode se démode, le style jamais" affirmait Coco Chanel. Viktor & Rolf, Balenciaga, Christian Lacroix ou Sonia Rykiel sont parmi ceux qui eurent "carte blanche" pour présenter aussi bien modèles, croquis, défilés, que leurs ateliers. Le musée institutionnalise le couturier, comme l'artiste, pour sa démarche et ce qu'elle implique. Reste à savoir si l'élaboration de ce style décliné en mode de vie constitue un art.


Les nouveaux messies

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Sur le plan formel, certains grands noms de la mode adoptent par ailleurs une esthétique plus proche des arts plastiques que du design vestimentaire. Elsa Schiaparelli, très liée aux surréalistes, a collaboré avec Dali, Cocteau ou Giacometti et détournait la symbolique et la fonction des vêtements comme par exemple, la chaussure transformée en chapeau. D'autres rendent hommage au caractère hors norme de la haute couture. Ainsi le Chinois Li Xaofeung crée des robes faites de morceaux de porcelaine. Au-delà du vêtement, c'est l'ensemble des codes de la mode qui prend une dimension de plus en plus conceptuelle et dont le point de départ remonte sans doute à Martin Margiela : en 1989, ses mannequins défilent, les chaussures enduites de peinture rouge, sur un tapis de coton blanc. Cette toile géante formera la base de sa collection suivante. Le phénomène ne se limite pourtant pas à des expériences plastiques, mais prend l'ampleur associée à la notion presque sacralisée de style. La décennie suivante, le Japonais Yoji Yamamoto fait de son nom un concept : il décline sa marque en parfums, linges de maison et meubles. Petit à petit, les couturiers et créateurs élaborent un univers extrêmement cohérent dans lequel porter leurs vêtements revient à adopter les valeurs qu'ils prônent : l'élégance intemporelle pour Chanel, la sophistication ostentatoire chez Dior, la sobriété moderne chez Calvin Klein. La haute couture devient ainsi une démarche globale, un art de vivre dont les acteurs sont projetés au rang de "superstars", comme le montrait en 2002 l'exposition des Arts décoratifs.   Lire la suite de Dans l'air du temps »

(1) Jill Gasparina, 'L'Art contemporain dans la mode', p.34, Editions Cercle d'art, 2006.

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Commentaires
L
Ah ! la mode... qu'elle femme peut y résister, tu as de la chance d'avoir eu d'aussi belles invitations.<br /> <br /> Merci pour ce post des plus interessants sur cet univers de la mode.<br /> <br /> je t'embrasse très fort.
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