L'OMBRE DE LA FAUVETTE - JEAN-LOUIS DESFORGES
L'Ombre de la fauvette - Jean-Louis Desforges
De retour dans la ferme familiale depuis quelques années, Joseph mène un combat auprès de ses amis et voisins paysans pour sauver leurs terres qui risquent de disparaître sous le béton d'une ville nouvelle. La nuit, c'est une autre bataille qui se livre contre ses propres fantômes, ceux de la guerre d'Algérie. Pourtant, lorsqu'il rencontre Adèle, une institutrice souhaitant faire visiter l'exploitation à ses élèves, il lui semble que la vie va enfin lui sourire et que le bonheur peut tout effacer. Mais il ignore encore que la jeune femme est rongée par son propre passé...
"Gardons-nous de juger trop vite. Tu ne sais sans doute pas tout".
- Je suis heureux de vous revoir, dis-je gauchement, surpris par ma voix nouée. Je ne vous ai pas demandé votre nom, l'autre jour.
- Je m'appelle Adèle Moreau, répondit-elle, l'oeil pétillant de malice.
- Je suis Joseph Guillon, ai-je ajouté.
- Je sais qui vous êtes, précisa-t'elle, vous et votre père, Pierre.
Je fus ravi qu'elle s'intéressât à moi alors que je ne la connaissais pas encore et je l'imaginais avec délice me consacrant quelques instants et sa précieuse vie, à mon insu.
Mon avis :
Dans ce roman, tout d'abord, on retrouve l'évolution de Cergy Pontoise à la fin des années 60 lors de la construction des villes nouvelles (d'ailleurs un peu partout en France où par exemple la banlieue de Lyon est également née -le quartier des Minguettes étaient des terres agricoles que nous avons du mal à imaginer aujourd'hui). Donc, pour revenir à L'Ombre de la fauvette, c'est un combat permanent des agriculteurs qui luttent contre les mastodontes de l'Administration afin de conserver leurs terres, le fruit de leur labeur et ce depuis plusieurs générations. Mais le mastodonte aura gain de cause, tout sera bétonné, la preuve aujourd'hui...
Dans ce roman, c'est également l'amour qui nait entre Joseph et Adèle, un amour timide et puissant. Adèle, la fauvette a un mal de vivre dû aux conditions de sa naissance en 1944. Sa mère a été contrainte de l'abandonner et là aussi, vous allez découvrir l'absurdidé de l'Administration de l'époque. Je ne vous en dis pas plus. C'est un livre vraiment à lire et qui nous aide à comprendre la vie qui a été à cette époque, ce qu'ont vécu les adolescents des années soixante, les uns marqués par leur condition de naissance pendant la seconde guerre mondiale, les autres très marqués par les atrocités que se sont déroulées pendant la guerre d'Algérie (Comme toutes les guerres, des guerres pour rien où seuls les innocents payent de leur vie !).
A propos de l'auteur :
Fortement marqué par ses lectures des écrivains naturalistes, Jean-Louis Desforges est un fin observateur de la condition humaine. Grand lecteur et passionné de Giono, Maupassant, Zola, Steinbeck ou Faulkner, il se distingue par un attachement aux valeurs humanistes et à la terre. Ce sixième roman aux éditions De Borée reflète parfaitement cet état d'esprit et témoigne d'une rare maîtrise de l'art romanesque.
Que j'ai aimé cet ouvrage de très grande qualité !
J'en profite pour vous souhaiter un agréable dimanche et bonne lecture. Cet ouvrage est à méditer... Toutes ces terres agricoles qui ont disparues au profit du béton... Est-ce vraiment bon pour notre planète...?