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24 septembre 2017

JE MEURS DE CE QUI VOUS FAIT VIVRE - PAUL COUTURIAU.

JE MEURS DE CE QUI VOUS FAIT VIVRE - PAUL COUTURIAU 

Je meurs de ce qui vous fait vivre de Paul Couturiau

Aux Tuileries, j'étais curieuse de tout. Il suffisait que j'entende des rires ou des cris pour que je me précipite. Je ne voulais pas jouer avec les autres enfants, mais je devais absolument savoir ce qu'ils manigançaient. Un jour, je n'avais pas six ans, j'ai trouvé, planté au milieu d'un cercle, un garçon d'une dizaine d'années que je connaissais bien. Il était joli comme une fille et méchant comme une gale. C'était le fils d'un des plus gros négociants du boulevard des Italiens, toujours tiré à quatre épingles. Il se prenait pour un dur parce que les autres le craignaient. Moi pas.
C'était la saison des nids et un oisillon lui était tombé dans les mains. Il n'avait rien trouvé de mieux que de le plumer vif avant de le poser à terre et de pousser son cadavre à cloche-pied, du bout de son soulier, comme un palet au jeu de marelle. Autour de lui, les autres gosses sautaient, riaient, applaudissaient. Je lui ai ordonné d'arrêter, mais il n'a rien voulu entendre. Je l'ennuyais ! qu'il disait. Sans réfléchir, je me suis jetée sur lui.
Je lui ai serré la gorge en l'immobilisant sous mon genou. Je n'avais plus conscience que d'une chose : ma révolte ! Je puisais dans ma colère un pouvoir surhumain.
Les bonnes choses se sont précipitées. Il leur a fallu dégrafer mes doigts un à un. Quand elles ont réussi à le libérer, le tueur d'oiseau avait perdu connaissance, sa cravate était toute fripée et son visage couvert d'égratignures.
Personne ne m'a grondée. Une fillette m'a aidée à enterrer l'oiseau mort. On lui a fait une croix avec deux branchettes. Attiré par les hurlements des bonnes, le garde du parc est venu voir de quoi il retournait, mais lui non plus ne m'a pas adressé de reproche. Je me suis alors enhardie et je lui ai demandé si je pouvais cueillir une fleur parterre pour mettre sur la tombe de l'oiseau. Il a mordillé sa moustache, avant de tourner les talons et de s'éloigner en disant :
"Prends-la. Je n'ai rien vu. Tu es un brave petit homme".

Extrait du roman Je meurs de ce qui vous fait vivre de Paul Couturiau paru aux Presses de la Cité dans la collection Terre de France le 10 septembre 2015, cliquez ICI.
Extrait de notre excellent Almanach Des Terres de France 2017, cliquez ICI. L'Almanach Des Terres de France 2018, cliquez ICI, est disponible dans toutes les librairies indépendant. Pour nous viennois, notre Librairie Passerelles, cliquez ICI.

Quatrième de couverture :
De la jeune fille éprise de liberté à la brillante plume engagée, de la « petite graine d'aristo » à l'égérie d'écrivain... Amante, femme, journaliste, collaboratrice et amie de Jules Vallès...
En sept années décisives, le roman d'une émancipation, le roman de Séverine, femme d'exception.
Quand le garde du jardin des Tuileries lui lançait : « Où tu vas ? », la petite Line répondait : « Sais pas... tout droit. » Devenue adulte, elle choisit la défense de la vérité et, pour la faire éclater, elle apprit, auprès de l'écrivain Jules Vallès, l'art de mêler l'acide à l'encre. Parce que ses parents lui interdisaient de devenir journaliste, elle choisit de mourir. Mais le geste désespéré fut acte fondateur. La petite Line céda la place à Séverine. Séverine allait devenir l'une des figures féminines les plus libres de son temps, une voix au service du peuple. Une femme qui savait où elle allait : tout droit !
De 1881 à 1888, en sept années décisives, le portrait d'une femme de passion et d'exception.

A propos de l'auteur :
Paul Couturiau fut successivement traducteur, conseiller littéraire, directeur des Editions Claude Lefrancq (Bruxelles) et directeur du département Traditions aux Editions du Rocher. Il se consacre aujourd'hui exclusivement à l'écriture. Paul Couturiau s'est longtemps essayé - et avec succès - au genre policier. Lauréat du Grand Prix de littérature policière en 1993 pour son premier roman, Boulevard des ombres (Editions du Rocher, 1992), il n'a depuis cette date jamais cessé d'écrire. Il a publié aux Presses de la Cité un grand roman d'aventures dans l'Empire chinois du XVIIIe siècle, Le Paravent de soie rouge et Le Paravent déchiré (Presses de la Cité, 2003). Dans la collection Terres de France, il est l'auteur d'En passant par la Lorraine (2003), L'Abbaye aux loups (2010) et Les Silences de Margaret (2011), dont l'intrigue se déroule en Lorraine.

Je vous souhaite un agréable après-midi à vous tous.

JE MEURS DE CE QUI VOUS FAIT VIVRE - PAUL COUTURIAU - SUITE 1

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Commentaires
B
Ci-dessus, vous pouvez lire les précisions de Paul Couturiau laissé sur sa page Facebook au sujet de cet excellent roman historique. Je l'ai repartagé sur ma page Facebook. Merci pour tous vos petits mots, vos questions, vos interventions et très belle semaine à vous tous. <br /> <br /> Amitiés.<br /> <br /> Bernadette.
Répondre
B
Un grand merci à Bernadette Wolff Picard pour cette belle évocation. Et pour répondre à une question posée dans les commentaires, oui Séverine a bien existé et ce roman est en tous points fidèle à ce que fut sa vie, celle d'une pionnière du journalisme qui n'hésitait pas à descendre dans la mine au lendemain d'un coup de grisou pour dénoncer les conditions de travail des mineurs ou d'enquêter dans les ruines de l'Opéra Comique pour découvrir les responsables de plusieurs centaines de morts, alors que ses confrères pondaient leurs articles dans le confort de leurs bureaux… ;-)
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4
Un extrait qui donne envie d'aller plus loin l bisous
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M
CC ma Bernadette... Une intéressante idée de lecture... je note !!!<br /> <br /> Belle semaine, je t'embrasse très fort
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I
merci pour le partage de cette idée lecture<br /> <br /> bonne soirée
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